Protection des chauves-souris : un APPB pour les grottes de Julio

Biodiversité

Mise en place d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope pour la grotte du Poteau et la grotte de la Vézelle à Julio qui jouent un rôle crucial dans la survie de plusieurs espèces rares et menacées. 

Grotte-Julio

Résumé

Publié le 22/12/2022

Les grottes de Julio, situées à Saint-Vincent-d’Olargues, sont un site d’importance internationale pour la conservation des chauves-souris, classées ENS et site Natura 2000. Ces deux cavités, la grotte du Poteau et la grotte de la Vézelle, jouent un rôle crucial dans la survie de plusieurs espèces rares et menacées. Pour protéger ces mammifères fascinants, le Parc naturel régional du Haut-Languedoc (animateur Natura 2000), le Département de l’Hérault (propriétaire) et le GCLR (expert naturalistes) ont demandé la mise en place d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB).

Qu’est-ce qu’un APPB ?

Les Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB), également appelés arrêtés de protection de biotope (APB), ont été institués en 1977. Ils ont pour objectif de préserver les habitats nécessaires à la survie des espèces protégées, qu’il s’agisse de leur alimentation, de leur reproduction, de leur repos ou de leur survie.

Ces arrêtés sont un outil réglementaire appliqué au niveau départemental, permettant de garantir la protection de sites sensibles, comme les grottes de Julio.

Les grottes de Julio : un site exceptionnel pour les chauves-souris

Superficie du site Natura 2000 : 17,5 hectares
Propriété : Départementale (Espace naturel sensible)
Année de désignation du site Natura 2000: 2002

Le site se compose de deux grottes situées à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, sur une falaise schisteuse :

  • Grotte du Poteau : historiquement utilisée principalement pour l’hibernation par le Rhinolophe euryale, le Grand rhinolophe et le Petit rhinolophe.
  • Grotte de la Vézelle : site de reproduction pour le Rhinolophe euryale et historiquement pour le Murin de Capaccini et le Minioptère de Schreibers. Depuis 2007 on observe un report des populations hibernantes de la grotte du Poteau vers la grotte de la Vézelle, grâce à la mise en tranquillité du site (périmètre grillagé).
     

Les deux grottes sont également fréquentées au printemps et à l’automne. C’est cette diversité spécifique aux différentes périodes et le nombre d’individus pour des espèces rares (Rhinolophe euryale notamment) qui fait des grottes de Julio un site exceptionnel sur le plan international pour la conservation des chauves-souris.

La Vézelle regroupe l’ensemble des enjeux forts du site, notamment pour l’hibernation, la reproduction et les transits saisonniers.


Le saviez-vous ?
Les grottes de Julio se situent au troisième rang des gîtes d’importance pour le Rhinolophe euryale connus sur l’ensemble du territoire de l’ex-région Languedoc-Roussillon.
 


 

Pourquoi ces grottes sont-elles si sensibles ?

Les périodes critiques pour les chauves-souris sont :

  • L’hiver (décembre à février) : période d’hibernation. Un réveil peut entraîner la mort par fatigue et manque de nourriture.
  • L’été (mai à août) : période de mise bas et d’élevage des jeunes. Un dérangement peut provoquer la chute des petits et mettre en danger toute la colonie.
     

Les chauves-souris, ces mammifères fascinants

Les chauves-souris, ou chiroptères, sont les seuls mammifères volants. Elles se reposent le jour et sont actives la nuit. Elle peuvent habiter des grottes, des fissures de falaises, des arbres ou des bâtiments. Dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc, 27 espèces sur les 36 répertoriées en France sont présentes.

 Dans les grottes de Julio, ces 2 espèces sont particulièrement sensibles aux dérangements :

  • Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) : Avec sa tête très ronde et ses oreilles courtes, son profil évoque celui d’un petit bison. Strictement cavernicole, il hiberne et élève ses petits dans les grottes où il forme des "essaims" denses. Il est donc très sensible à la fréquentation du milieu souterrain par les humains. Il chasse les in¬sectes dont il se nourrit dans des milieux très variés : bordures de forêts, milieux ouverts, etc.
  • Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale) : De taille moyenne, il est reconnaissable à son pelage gris-brun et à sa feuille nasale en forme de fer à cheval. Il fréquente surtout les milieux karstiques et les grottes bordés par des forêts, garrigues et prairies patu¬rées, où il forme des colonies mixtes pour l’hibernation et la reproduc¬tion. Grâce à ses ailes larges, son vol est très manoeuvrable lui permettant de chasser en vol des insectes tels que des papillons de nuit même dans des milieux embroussaillés. Son nez en "feuille nasale", typique des Rhinolophidés lui permet d’émettre ses cris d’écholocation en vol.
     

Un fait étonnant :
1 Minioptère sur 6 en France hiberne dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc !


Un site protégé, pour les générations futures

Grâce à l’APPB, le Parc naturel régional du Haut-Languedoc, le Département de l’Hérault et le GCLR assurent la préservation de ce site unique, permettant aux chauves-souris de continuer à vivre et se reproduire en toute sécurité. Les visiteurs, en respectant les consignes simples de protection, peuvent ainsi contribuer à la conservation de ces espèces fascinantes.

Concrètement, les APPB des grottes de Julio définissent :

  • les périodes de fréquentation autorisées ou interdites,
  • les modalités d’accès au site,
  • et les mesures de protection à respecter pour éviter le dérangement des espèces.


Dans le cas des grottes de Julio, cet arrêté ne modifie pas les modalités d’accès actuelles : la grotte du Poteau reste libre d’accès, tandis que la grotte de la Vézelle demeure fermée par un grillage, hors autorisations spécifiques à adresser au Parc.
Cependant, l’APPB reste un outil évolutif : les conditions d’accès pourront être ajustées à l’avenir selon l’évolution des enjeux environnementaux. Cela pourrait signifier, par exemple, un élargissement des périodes d’accès si la situation le permet, ou un encadrement plus strict en cas de fragilisation des populations ou d’augmentation des niveaux d’enjeux. Ces ajustements s’appuieront sur les données collectées dans le cadre l’animation Natura 2000, notamment le suivi annuel des populations de chauves-souris dans les deux cavités aux quatre saisons.

Conseils pour limiter votre dérangement face à des chauves-souris

Si vous visitez un site où vivent des chiroptères, suivez ces recommandations :

  • Parlez doucement, sans murmurer, car les ultrasons peuvent les perturber.
  • Utilisez une lumière faible, de préférence rouge, et dirigez-la vers le sol : n’éclairez jamais directement les chauves-souris
  • Ne restez pas trop longtemps : votre chaleur et votre présence peuvent suffire à les déranger.
  • Ne jamais chercher à toucher les animaux, mêmes posés
  • Si vous observer plus d’une vingtaine de chauves-souris posées ou en vol lors de votre visite, ne les dérangez pas plus : faites demi-tour !
  • Signalez vos observations aux gestionnaires du site (Natura 2000, Espaces Naturels Sensibles, Conservatoire d’espaces naturels…).